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La vie à côté de soi
15 mai 2013

Interdit aux primipares

Il y a 7 ans jour pour jour, je ressemblais à un hippopotame. Cet état a quelque peu duré d'ailleurs, mais j'ai fini par retrouver ma silhouette de jeune fille au prix d'efforts intenses sur moi-même, jeûne, power yoga, régimes en veux-tu en voilà, bref, j'ai fortement contribué à la croissance exponentielle de régimes en tout genre, et à la notoriété des gourous qui se succèdent au fil du temps, M. Dukan pour ne citer que lui.

J'étais un hippopotame car j'avais encore, pour 24 heures, ma fille dans mon ventre. Et comme elle est née grande et costaud, que je ne suis pas très grande mais expansive, j'avais pris quelque chose comme 25 kilos, dont 23 dans le ventre et un dans chaque sein. Je ressemblais davantage à une montgolfière qu'à un être humain mais je m'en foutais totalement, tout à mon plaisir d'être enceinte, à la magie de sentir la vie se former dans mon corps en guise d'écrin, et à l'impatience de découvrir le petit être forcèment merveilleux que l'amour avait créé. Car amour il y avait.....

Après 9 mois d'idylle entre mon futur bébé et moi, les choses allaient prendre une autre tournure avec l'accouchement. Mesdames, si vous êtes enceinte de votre premier, ou si vous n'avez pas encore de bébé, je vous conseille de passer tout de suite à un autre billet....

Ca commence par une sensation genre j'ai mes ragnagnas super douloureuses. Jusque là c'est à peu près gérable. Je me lève donc le 16 et ça tombe bien j'ai rendez-vous à la mater, c'est pile le jour de mon terme. Quand je vous dis que je suis beaucoup trop ponctuelle ! 8h30, je prends un taxi parce que là le bus, c'est plus possible. Le taxi hésite, ben ouais, c'est pas un taxi parisien pour rien. Je le rassure en lui disant que je n'ai pas encore perdu les eaux. Il accepte que je monte en rechigneant, mais bon, il accepte. J'arrive en consult. Le gynéco me fait monter sur la balance, je refuse de regarder mon poids. Il me passe un savon de chez savon. Il m'ausculte. Je lui dis que j'ai mal, que j'ai l'impression que j'ai des contractions. Il me dit que mon col est fermé mais bon, il accepte de m'envoyer aux urgences mater' pour me monitorer.

J'arrive, on me met une ceinture de 2 mètres au moins pour faire le tour de ma taille. La sage-femme me confirme que j'ai des contractions mais quand elle m'annonce qu'elles sont 'toutes petites', je commence à sérieusement flipper. Niveau douleur, je suis déjà au max de ce que je peux supporter. Je la regarde d'un oeil suppliant et je lui dis : ca fait encore plus mal après ? Ca risque oui, me dit-elle. Et là elle me dit, bon, vous pouvez rentrer chez vous, votre col est fermé et les contractions faibles. Je lui dis non. Je ne veux pas rentrer. J'ai trop peur de souffrir toute seule chez moi. Comme mon bébé à venir est un être extraordinaire de délicatesse, elle m'aide. Subitement, une douleur jamais ressentie jusqu'alors  traverse de part en part mes 2 mètres de tour de taille, du coup, c'est super long. Une vraie, bonne, grosse contraction, la première d'une trop longue série, qui fait exploser ma poche des eaux. La seule bonne nouvelle, c'est que je suis maintenant obligée de rester à la mater. La moins bonne, c'est que pour autant, je ne vais pas forcèment accoucher dans les heures ni même dans la journée, parce que mon col reste fermé. La pire, c'est que la péridurale est interdite tant que le col n'est pas ouvert à 2. Et le mien est à 0.5....

J'appelle ma soeur qui est passée trois fois par ce carnage. Je sanglote. Je vais jamais y arriver. Je veux être anesthésiée. Je pense à un documentaire sur une biche qui met bas et qui meurt. Je revois la douleur de son expression de biche. Je suis la biche. J'appelle mon mari. Il me dit qu'il déjeune. J'ai envie de le tuer. Les contractions se rapprochent, genre toutes les 5 minutes. A peine remise de la précédente, c'est déjà reparti. Je demande à ce que l'on vérifie l'ouverture de mon col. Il est toujours pareil. Je hais mon col. Mon mari arrive et me trouve agonisante sur un gros ballon supposé faire passer la douleur. Je suis une baleine échouée en train de suffoquer. Je lui implore un massage. Il se jette sur mon Elle. J'ai envie de le tuer. Ca fait 5 heures que je souffre. Je suis passée par toutes les positions, sauf allongée sur le ventre car c'est pas possible, ça fait quille. Je me suis suspendue à des anneaux, j'ai failli les décrocher avec mon poids, et j'arrivais pas à me soulever plus de deux secondes pour la même raison. Il est 17.00, je pleure comme une madeleine, je crie comme une démente, je supplie qu'on me pique le dos. A 18.00 enfin, mon col est à 2. Mais le coeur de mon bébé commence à faire des loopings. On me fait la péridurale tant attendue. C'est à moi de doser en fonction de mon niveau de douleur tolérée. Je vide la pipette en une seule fois. Je me calme enfin. Sauf que le coeur va pas mieux. Vers 21.00, les sage-femmes semblent un peu inquiètes. Moi, je suis en mode panique. Mon mari plane à 15 000. 21.30, j'entre en salle de travail. J'ai trop les boules. J'ai tout oublié des techniques de respiration pour pousser. Je veux pas pousser. On me hurle qu'il faut. J'y arrive plus. J'ai pris trop d'anesthésiant, je ne sens plus rien du tout. Du coup, y a un mec qui pose ses bras autour de ma taille pour m'aider. 22.00 panique générale. Le bébé est en souffrance. 22.15, il y a soudainement 8 personnes autour de moi. Mon mari est toujours sur Mars. Ils veulent me faire une césarienne pour sortir d'urgence le bébé. Ils sont trois pour vérifier si elle est engagée. Elle l'est. Ca veut dire qu'elle doit sortir tout de suite. Ca veut dire les cuillères. Ca veut dire épisiotomie. Ca veut dire au secours. Le mec avec ses bras autour de moi décide de carrèment s'assoir sur mon ventre pour m'aider à pousser. Je ne veux plus rien savoir de ce que mon corps endure. Je me concentre sur mon bébé. J'arrive enfin à pousser. Ils l'attrappent et la sorte. Elle est toute noire, complètement cyanosée. Elle crie. Ouf. De l'avis général, autant de monde autour d'elle pour l'accueillir, elle sera forcèment une star. Je vous confirme. C'en est une.

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Commentaires
H
bonjour<br /> <br /> eh bien ! c'est clair que les primipares désobéissantes de ton avertissement les concernant risque de se décomposer à vue d'œil...<br /> <br /> Tu n'as pas eu de chance pour l'arrivée de ta star...<br /> <br /> Pour ma part j'ai eu 4 enfants dont mes deux dernières sans péridural...mais pour ma dernière (Zya) j'ai amèrement regretter de ne pas avoir pris la péri...car ma minimoys était engagée de sorte que je n'ai eu les contractions que par les reins.<br /> <br /> En tous les cas...bonne anniversaire à ta star ! <br /> <br /> bisous
La vie à côté de soi
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