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La vie à côté de soi
2 juillet 2013

Barge

Barge comme le café sur les quais de Seine. Barge comme l'homme qui m'y accompagnait. Barge comme moi. Barge comme ma vie.

Je navigue dans des eaux inconnues. Je navigue au gré des marées qui m'envahissent. Je navigue au gré des vents qui m'emmènent. Je navigue à vue. Je navigue en tentant de rester à flot, en évitant les rochers, mais sans cap, sans but, comme si ma vie était devenue un horizon infini, sans côtes alentour.

Je me demande combien de temps encore cela va durer. A quel moment je commencerais à distinguer une amorce de terre, au loin. Je me demande si cet état me satisfait, s'il me rend heureuse ou malheureuse, s'il me laisse indifférente.

Comme je lui ai dit, notre rencontre a été d'une telle fulgurance que j'ai peine à croire qu'elle fut réelle. Je lui ai envoyé 4 mots sur un site de rencontre, il m'en a répondu 3. 4 heures plus tard il me donnait son portable. 6 heures après je lui proposais de nous voir. Et le lendemain soir nous nous rencontrions pour 14 heures en notre compagnie.

Autour de nous, les autres nous regardaient comme un couple, tant nous étions assortis. Nous avons beaucoup parlé. Il m'a fait l'effet de quelqu'un en quête d'une légéreté absolue, ce qui est généralement le signe d'un intérieur très lourd, mais peut-être n'est-ce pas son cas, je ne sais pas. Il m'a beaucoup parlé de sa femme, ce qui signifie à coup sûr que le deuil n'est pas fait. Il est encore dans cette phase, je crois, de mutilation, le moment où la séparation est libératoire, car elle nous ôte un membre gangréné, sur lequel nos souffrances se focalisent, mais malgré cette césure, malgré cette disparition bien réelle du membre, il est toujours là. Il faut longtemps pour que notre cerveau s'habitue à recréer de nouveaux circuits afin d'éviter le fantôme. Il me semble que ses synapses n'ont pas fini ce travail.

Nous avons dansé et nous avons ri. Nous avons bu et nous avons fumé. Je le trouve très beau et la beauté d'un homme me touche. Je trouvais qu'il bougeait bien, presque aussi bien que mon ex-mari. Nos corps se sont rapprochés assez tard dans la nuit. J'allais rentrer et puis, un homme s'est approché de nous. Il s'est arrêté pour me donner le plus beau compliment qui me fut jamais donné. Je ne me souviens plus exactement de ses mots, mais c'était quelque chose qui disait que j'étais une sorte d'incarnation de la féminité. Que celui qui m'accompagnait était dingue de ne pas être en train de m'embrasser, de me faire sienne. Que s'il me laissait dans cette posture, sans m'enlacer, lui le ferait et me prendrait. En fait, à bien y réfléchir, c'est vers cet inconnu que j'aurais dû poser mes lèvres peut-être, après tout, c'était lui qui me voyait de cette jolie manière. Mais Ph s'est avancé et nos corps se sont trouvés. Nous étions soudain seuls au milieu de 300 personnes.


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Commentaires
A
Tu as très bien décrit l'atmosphère de cette soirée. Je sens en effet un flottement avec l'impression que, pour toi, le mouvement est préférable au sur-place. <br /> <br /> Je perçois également une immense envie d'être aimée. En effet, c'est étrange que cet inconnu à peine effleuré, au niveau conversation s'entend, soit celui qui aurait pu te séduire alors que tu es avec ce Ph.
La vie à côté de soi
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