Me voici de retour à la campagne, le temps d'un week-end. Celle où je suis née. Le monde d'où je viens. Ca relève toujours de l'épreuve ce retour aux sources, c'est un point obscur de ma personnalité.

J'ai adoré la campagne jusque 13 ans environ. Les fermiers alentour m'appelaient en pleine nuit pour que je puisse assister à la naissance du veau. Je me souviens encore d'une mise bas difficile, des cordes qu'ils lui avaient passé autour des pattes, et qu'ils tiraient, à deux ou trois, pour aider la vache à vêler. Le veau sortait, tout frêle, mais vite debout, pour immédiatement têter. Un jour, j'ai passé ma main à l'intérieur de son museau, pour sentir le réflexe de suscion et le contact de sa grosse langue contre ma petite main, je m'en souviens très bien.Je faisais des promenades en vélo démoniaques, je partais des journées entières, je jouais dans les champs et construisais des cachettes où j'accueillais avec cérémonial mes copines et amoureux. Avec mon père nous allions chercher le lait à la ferme, et nous le buvions à peine sorti du pis de la vache. C'est une époque qui ressemble presque à l'après-guerre, elle semble si lointaine lorsque je la compare à ma vie d'aujourd'hui et à l'enfance que je propose à ma fille. Depuis, je ne bois plus jamais un verre de lait, même bio et écrémé. J'ai longtemps détesté la campagne en général, et la mienne en particulier, pour finir par ne plus trop comprendre la relation qu'elle et moi entretenons, par la confondre avec les émotions que cette plongée dans mon enfance suscite, presque toujours.

Je pense quand même que tout ce vert, associé à un silence presque absolu me plonge dans l'anxiété. On à tous nos névroses. Je suis capable de prendre le premier moto-taxi venu, qui n'en n'est pas un finalement puisqu'il roule en Harley, tout ça uniquement afin d'avoir le temps de me refaire une beauté avant un rendez-vous galant, mais dormir dans une maison au milieu des champs, avec pour seule présence alentour les vaches, qui ne me seraient que d'une aide tout à fait relative en cas de problème, ça, ça m'angoisse grave, je dirais même que ça me fait peur.

La promiscuité me rassure. C'est peut-être mon côté réalistico-positif. Je sais que l'autre est un danger potentiel, mais aussi un allié putatif. Du coup, dans mon cerveau hyper rationnel, je me dis qu'il est plus sûr d'être entourée de plein d'autres que d'un seul, logique ! c'est un peu ma théorie avec les mecs également vous me direz.... Parmi plusieurs, il y en a toujours un pour vous consoler d'un autre, assez logique aussi !

Je ne sais pas pourquoi, mais cela m'amène à penser que je traverse un petit désert sexuel depuis quelque temps (mais pas si longtemps...). Tout de même, j'ai horreur de ça. Résultat j'ai pris 2 kilos, cauchemar ! J'ai besoin du regard et des mains d'un homme sur mon corps pour m'obliger à être aussi belle que je le peux. Mais en l'honneur des mains du prochain, je me lance dès lundi dans le dernier régime hype, le jeûne, deux jours par semaine.

La campagne

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