Ma vie sous X

Je suis passée à un stade tellement insupportable de ma vie que j'ai désormais recours aux Benzodiazepine, petits miracles moléculaires qui me permettent de me lever, de parler, de travailler, et parfois même de rire. 

Il me semble que le sujet est bien plus vaste que l'abandon amoureux qui, je dois l'avouer, me détruit presque aujourd'hui. C'est ça et c'est plus que ça. Comme un catalyseur de mes peines, de mes tourments, comme une plongée à l'intérieur de moi, un effroi de réalisme qui m'assaille. J'ai peine à comprendre mon séisme, je constate, perdue, l'étendue des dégâts, je me fais peur. 

En même temps, je sais qu'il s'agit d'un accouchement douloureux certes, à minima aux forceps, mais c'est ce qui se produit, je me délivre, douloureusement, de moi-même. Jamais je n'ai atteint auparavant ce stade d'angoisse, de suffocation, de douleur. Mon corps m'échappe, mon visage se creuse, mes cernes bleuissent.

Je suis en ce moment une mère toxique, un manager foireux, une amie chiante. Mais je me regarde avec indulgence car je sais que c'est un moment crucial, fondamental, je fais au mieux sur tous les aspects de ma vie, même si c'est mal, même si c'est peu, je suis encore là, debout, face aux vents.