L'infidélité

Avant, je pensais que tromper était un crime, ou tout au moins un délit, en tout cas quelque chose de cet ordre, d'irreversible, de définitif, un point de non retour, une fin. J'anticipais la souffrance. Je la redoutais tant que j'avais presque envie de la provoquer, pour m'y frotter, et m'assurer que j'étais capable d'y survivre. Je pensais qu'elle pourrait me tuer, me fragmenter, me disperser en morceaux épars, m'éparpiller aux quatres vents.
Et puis un jour, j'ai été trompée. Ca ressemblait au jour où j'ai eu un grave accident. C'était physique. J'ai d'abord cru que j'étais morte, puis que l'on allait m'amputer, avant de comprendre que j'étais toujours entière, et enfin, de reprendre mon sang-froid, de faire face, et finalement, d'intégrer cette donnée dans ma nouvelle existence. J'ai admis, intellectuellement, puis j'ai intégré, émotionnellement. La douleur était vive, comme une brûlure. Il fallait la panser. Il fallait au début l'empêcher de cicatriser trop vite. Il fallait la creuser un peu plus encore pour permettre à la plaie de mieux se refermer ensuite. Il fallait aller au bout de la douleur. Je suis passée du fantasme à la réalité, des rèves de princesses et de chevaliers à la vraie vie, et ce n'était pas plus mal, c'était même presque mieux.
Et puis un autre jour, j'ai moi-même trompé. Et puis un autre jour encore, j'ai été la maitresse.
Depuis, mes positions ont changé. Ce n'est pas si grave tout cela au final, il faut mettre les choses à leur place. Il y a l'amour, il y a la famille, il y a le sexe, et il y a la vie. Désormais, mais peut-être est-ce parce que je ne suis pas amoureuse, peut-être que je changerai à nouveau d'avis, c'est la fidélité que je trouve délictueuse.