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La vie à côté de soi
20 juin 2013

Les fringues

Ma passion, mon délire, ma folie douce, ma légéreté, ma lourdeur, mon drame, celui de mon banquier, mon échappatoire, mon assurance tout risque, mes tocades, mon ivresse, bref, ma pathologie numéro 1.
Qui me connaît sait mon appétence quasi sans limite pour le beau et pour les vétements en particulier. J'adore ça. J'en ai un goût immodéré, une envie infinie, un besoin farouche, que seuls mes agios parviennent parfois à tempérer.
Mon drame est que les vêtements me rassurent, qu'ils balisent mon quotidien, qu'ils m'amusent et me détendent. Mon drame absolu est que je change régulièrement d'amant et que chacun d'entre eux m'inspire une certaine femme, qui se traduit par un certain style, donc de nouvelles fringues. Mon drame irreversible est que je recherche un nouveau job, et que je passe des entretiens pour des postes de Dir Com dans des boites de luxe, et qu'à chaque entretien sa nouvelle tenue, car une Dir Com incarne une Marque, et donc seul un nouveau vêtement spécialement pensé pour cet entretien précis peut éventuellement faire l'affaire.

Je sais, c'est gravissime.
Mais c'est comme ça.

Lorsque je regarde un vêtement et que je le désire, car c'est de cet ordre, je me projette dans carrément, n'ayons pas peur, une nouvelle vie. C'est une amie qui le disait avec merveille : si j'achète cette petite robe noire, à la coupe parfaite, ma vie va changer, je la porte et je suis une autre, plus rien ne sera pareil, je suis une nouvelle femme. Le pire, c'est que j'y crois mordicus. Je suis absolument persuadée que c'est vrai. Je me souviens de ces bottes Chloé démentes car parfaites et sans couture, je les voulais tellement. Je passais devant elles presque quotidiennement, et je me disais, mais si je portais ces bottes, la vie m'appartiendrait, je serais absolument sûre de moi, je décrocherais le job de mes rêves, Mr Big se jetterait à mes pieds en signe d'adoration. En toute rationnalité, il est donc absolument impossible que je me refuse ces bottes, ce serait une preuve de mon inconsidération, du non respect de moi-même, de mon incapacité à m'aimer. Ben ouais, alons-y carrèment, il en faut des arguments pour justifier un tel prix au millimètre carré, mais je ne suis jamais à court, rassurez-vous'

J'avais un entretien ce matin pour un job top, avec un homme impressionnant, dans une boite impressante, à une adresse impressionnante. Je pense avoir 70 paires de chaussures et un nombre incalculable de tenues, allant de la combi en satin au jean slim en passant par la robe Paul Smith et les tops Isabel Marant. Pourtant, rien à faire. Depuis que le rendez-vous était fixé, j'étais passé en mode fixette. Rien à me mettre de décent. En boucle. Obsessionnel. Je fais le tour de mon dressing et de mon armoire over bordélique. Rien. Le vide. Le néant. Tout est à côte, inapproprié. Trop vieux, trop style, trop casual, trop mode, trop cul, trop jaune, trop blanc, trop grand, trop petit, trop court, trop sophistiqué, bref, rien ne convient, pas même ma petite veste rose putain.. Je ne suis pas la Dir Com de cette boîte là avec ces fringues là. Impossible. Je ne suis qu'une imposture. Il me faut une tenue spéciale, mode, mais pas hype, originale mais classique à la fois, sophistiquée mais pas bourge, qui raconte juste ce qu'il faut de qui je suis, qui suggère mon côté punk mais rassure en soulignant mon côté rigoureuse. Je sais, je suis dingue. Ni une ni deux, je retourne chez Carven. Je trouve évidemment pile ce que je cherche. Je me sens mieux, je me sens bien, je me sens business woman, je me sens la Dir Com de cette boîte. Je me sens plus légère niveau compte en banque aussi. Pour me consoler, je me dis que ce n'est pas une dépense, mais un investissement, nuance !
Ce matin, H moins 1 avant le rendez-vous, je m'habille et je suis la reine du pétrole. Je me maquille légèrement. Je décide de parfumer mon petit topissime top vu que je fais une allergie maouse à mon nouveau Serge Lutens et que ma peau est rouge rouge mais pas Chanel. Je mets plein de parfum. Je mets trop de parfum. J'inonde le col en soie de mon petit haut parfait. Je tache mon petit haut. Je passe de l'eau sur ce putain de col en soie. Je sèche avec mon sèche-cheveux cette saloperie de col en soie. Après ma séance d'hystérie, j'essaie de retrouver mon self-control légendaire et je visualise mon petit col en soie dans mon super miroir Art-Déco. J'ai plus de col en soie. J'ai un col en je sais pas quoi, qui est frippé comme Louise Calment. J'ai envie de me jeter par la fenêtre, mais je ne suis qu'au premier, c'et trop dangereux.

Il est 8.20, j'ai rendez-vous dans 30 minutes, et putain, j'ai rien à mettre !!!!!!

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Commentaires
C
S'habiller c'est donner à voir qui nous sommes, ou en tout cas, une humeur, éclairer une certaine facette de notre personnalité. Comme j'en ai plein, j'ai des styles assez variés, méme s'ils restent dans un univers cohérent. Pour une photo je ne sais pas, on donne à voir quelque chose de plus général sur soi, de plus large, un cadre dans lequel on s'inscrit, mais oui, on chosit une photo en fonction de celui qui la recevra, c'est sûr.
H
Amusant exercice que de choisir la tenue en fonction des personnes à rencontrer. Je suis curieux de savoir quelles sont les tenues idéales que tu mettrais rien que pour toi si tu étais toute seule à choisir, pour simplement te faire plaisir.<br /> <br /> Si chaque nouvel amant était au courant, il pourrait se jauger et évaluer la façon dont tu veux lui apparaitre. Partant du même raisonnement, une simple photo envoyée à quelqu'un doit-il aussi lui permettre de se situer ?<br /> <br /> L'exercice inverse m'est arrivé quelquefois : j'ai habillé une femme selon mon goût et si cela a marché le plus souvent, je me souviens de m'être fait jeté (par la même qui était très difficile).
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